Des recherches visant à détourner des milliers de tonnes de déchets de production de légumes de serre des sites d’enfouissement laissent entrevoir des résultats prometteurs. Walker Industries (Walker) s’est associée avec l’organisme Ontario Greenhouse Vegetable Growers (OGVG) pour mener un projet qui vise à évaluer la faisabilité de la collecte et du recyclage des substrats de croissance utilisés par les producteurs de la région de Leamington/Kingsville.
Financée en partie par l’Initiative pour la compétitivité et l’innovation dans le secteur serricole (ICISS), qui est administrée par l’Agricultural Adaptation Council (AAC), cette recherche vise aussi à mettre à l’essai le processus de compostage de Walker afin de déterminer s’il permet d’inactiver efficacement certains virus comme le virus du fruit rugueux brun de la tomate (ToBRFV, selon l’appellation anglaise Tomato Brown Rugose Fruit Virus). Le ToBRFV est un phytopathogène extrêmement destructeur qui est susceptible d’entraîner de graves pertes de production dans les cultures touchées; il touche toutes les principales régions du monde où l’on produit des tomates de serre.
La laine de roche est l’un des principaux substrats utilisés par les producteurs de légumes de serre du Canada. Cette laine minérale enrobée d’une pellicule plastique offre un milieu de croissance pour les racines des plantes cultivées en hydroponie (sans terre).
Après leur utilisation, la plupart des « plaques » de laine de roche aboutissent actuellement dans des sites d’enfouissement, tout comme les matières traditionnellement compostables comme les détritus de plants de poivrons et de tomates, afin de prévenir la propagation du ToBRFV.
« Notre objectif est de détourner les plaques de substrat de culture usagées des sites d’enfouissement et de les transformer en produits utilisables. Parallèlement, nous voulons nous assurer de pouvoir composter ces matériaux dans les règles de l’art, tout en détruisant efficacement les virus végétaux, afin d’éviter de les propager par inadvertance », explique Geoff Boyd, vice-président, Récupération des ressources, de Walker Industries.
L’équipe de recherche mène des essais visant à séparer le plastique qui entoure les plaques de laine de roche et à transformer le matériau résiduel en un produit propre et utilisable, exempt de toute contamination plastique. La laine de roche transformée est ensuite compostée dans le système de compostage en pile statique aérée de Walker. Avant d’être intégré à la rangée de compost, le matériau contaminé est placé dans un récipient spécialement conçu pour laisser passer la chaleur et l’air, mais pour empêcher la laine de roche d’être en contact avec le reste de la matière dans la rangée de compost.
Une fois le processus de compostage terminé, un bioessai est mené afin de déterminer si le compostage a permis d’inactiver efficacement le virus. Des échantillons de tissu de tomates provenant du bioessai sont alors envoyés à un laboratoire d’analyse afin de déceler la présence du virus.
« Jusqu’à présent, les résultats sont positifs en ce qui concerne le traitement. Nous attendons maintenant de recevoir les résultats des analyses d’échantillons de tissu provenant du bioessai », indique M. Boyd. Il espère que le projet sera terminé et que les résultats définitifs seront connus d’ici l’automne.
Lorsqu’il sera confirmé que le compostage permet d’inactiver efficacement le ToBRFV, la prochaine étape sera de déterminer la meilleure application pour le produit composté. Pour être couronnée de succès, et pour intéresser les serriculteurs, une telle entreprise de recyclage et de réduction des déchets doit rivaliser avec l’élimination par enfouissement, du point de vue du coût, et M. Boyd a bon espoir que ce sera le cas.
« Il est crucial de réduire la quantité de déchets qui aboutit dans les sites d’enfouissement, et les résultats positifs de ce projet pourraient fournir une solution qui aiderait les serriculteurs à accroître la durabilité et la compétitivité de leurs activités », déclare Doug Alexander, président de l’AAC. « Ce projet est un excellent exemple de collaboration entre des producteurs et une entreprise pour mettre à l’essai des solutions innovatrices qui contribueront à assurer la viabilité à long terme du secteur. »
Selon M. Boyd, le financement reçu au titre de l’ICISS a grandement aidé Walker, une entreprise qui traite normalement des résidus de cuisine et de jardin, à démarrer ce projet en grand et à mener des essais et des analyses approfondis qui n’auraient pas été possibles autrement.
Grodan, un important fabricant de laine de roche situé à Milton, en Ontario, a aussi participé activement au projet et a collaboré avec Walker à la recherche de solutions potentielles.
« Les résultats préliminaires nous remplissent d’enthousiasme. Des solutions potentielles comme celle-ci sont cruciales pour stopper la propagation du virus du fruit rugueux brun de la tomate et pour réduire la quantité de matière qui aboutit dans les sites d’enfouissement », dit Yianni Monahan, gestionnaire du cycle de vie des produits de Grodan – Amérique du Nord. « Ce projet et la collaboration de Grodan avec des organisations comme Walker sont essentiels pour promouvoir les pratiques culturales les plus durables auprès des serriculteurs de l’Ontario. »
« La recherche agroalimentaire menée en Ontario est cruciale pour le secteur », déclare Lisa Thompson, ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales. « Des recherches comme celle-ci aideront les serriculteurs à prendre des décisions éclairées lorsqu’il s’agit de choisir des solutions innovatrices en matière de réduction des déchets qui amélioreront la productivité et la durabilité de leur exploitation. »
Ce projet est soutenu en partie par l’Initiative pour la compétitivité et l’innovation dans le secteur serricole, un programme à frais partagés financé par le gouvernement de l’Ontario et exécuté par l’Agricultural Adaptation Council pour le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAARO).